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Eraser, the art of self destruction
4 juillet 2006

Donatien Alphonse François de Sade...

...ou tout simplement, le marquis de Sade.
Je dois dire que cet homme m'a toujours captivée, déjà depuis quelques années. Sûrement grâce aux fines allusions à Sade de Nrey, mais aussi, et surtout, par Les Cent vingt journées de Sodome, que j'avais décidé de lire en Irlande...Enfin bref. :)
Récemment, au cours de français, on a longtemps abordé le thème de la liberté philosophique, véritable révélation pour moi, tant ce sujet me fascine.
Un des textes analysés était celui de Sade, La nouvelle Justine.
Selon Sade, l'homme est déterminé depuis sa naissance, et chacun devrait l'aider à assouvir ses envies au lieu de les freiner. Ainsi, au lieu de le punir et de le sermonner, nous devons au contraire le satisfaire, car il n'est en rien responsable de ce qu'il est aujourd'hui, comme nous tous.
De plus, Sade est convaincu que rien ne peut modifier la nature même de l'homme, pas même l'éducation.
Sade excuse tout.
La logique voudrait que l'on dise qu'il n'y aucune liberté. Aucune liberté puisque nous ne choisissons pas ce que nous sommes.
Mais dans cette forme de non-liberté, il y a quelque part une autre forme de liberté, puisqu'on cherche à assouvir ses pulsions, et qu'on ne devrait même pas en être puni.
La liberté est une invention humaine, donc nous pouvons nous permettre d'émettre des hypothèses pouvant paraître absurdes.
Il n'empêche que je ne la trouve pas absurde, cette théorie. Finalement, l'homme si déterminé y trouve tout à fait son compte puisque tout lui est permis.
De plus, il n'est souvent pas conscient de son déterminisme et se sent donc libre. Et il a la chance de pouvoir assouvir toutes ses envies... C'est le paradis, non?
Mais voilà, le gros problème dans les propos de Sade, c'est qu'une société ne peut fonctionner sans règles, et surtout, celle-ci a besoin d'être gérée, hiérarchisée, sans quoi ce serait une véritable anarchie. Si le monde entier assouvissait ses pulsions, le monde serait un véritable chaos, encore plus impressionnant qu'il ne l'est actuellement.
...Et voilà pourquoi Sade me plaît tant.
Finalement, nous sommes sûrs de rien. Qu'est-ce que ça donnerait de vivre sans règles?
Les "sauvages", grands amis de Rousseau, avaient l'air de vivre très bien sans règles.
La différence entre eux, et nous, c'est que nous savons ce que c'est qu'une société et sommes complètement habitués à vivre dans cette dernière. C'est d'ailleurs ce que Voltaire rappela à Rousseau dans la lettre qu'il lui avait envoyée.
J'ai envie de faire de cette expérience. De vivre dans un "rien" gigantesque.
Si la société et les règles ont été créées dans un but de paix et de solidarité, on peut dire que, finalement, ça a échoué. Il suffit de regarder le monde autour de nous. J'ai même pas à donner d'exemples tant c'est flagrant (et si vous en trouvez aucun, je vous invite à ouvrir un journal, regarder sur le net, ou au journal télévisé).
L'évolution. Voilà les deux définitions qui m'intéressent:*Suite de transformations successives. *En biologie, processus complexe qui a permis aux organismes vivants de se diversifier et de subir des modifications dans leurs formes et leurs fonctions.
On dit qu'on évolue. En est-on sûrs?
Plus les événements se passent, plus je suis sceptique. Un éternel recommencement, une certaine lassitude, même.
Je veux dire, toujours autant de grandes puissances mondiales dominent les plus faibles, l'argent est toujours autant un leitmotiv, toujours autant de gens crèvent de faim, vivent dans la précarité, dans des formes de sociétés qu'on pourrait qualifier d'archaïques, toujours autant de contrastes en fait. Contraste des mentalités, qui pourrait être un "plus", mais qui est souvent un "moins".
J'imagine que personne comprend où je veux en venir.
Mais, regardez, par exemple, les conflits en Irak, qui persistent depuis des décennies (et je suis gentille...), tout le monde est campé sur ses positions pour des choses finalement absurdes.
Hitler en avait rien à foutre de faire crever son peuple de faim (ou "crever" tout court, même) lorsqu'il a vu que tout était perdu et qu'il était vaincu; 50 ans plus tard, c'est toujours la même rengaine, mais face à des situations différentes.
Prenons un génocide récent; celui du Rwanda. Qu'est-ce qu'on a fait, concrétement, pour ce peuple? On a envoyé les Casques Bleus, dont a pu constater la merveilleuse efficacité.
Non...Finalement, c'est un bel échec, ce rêve de solidarité, d'union, de paix. Et pourquoi?
Parce qu'on ne suit pas les règles, pas assez. C'est ça, l'être humain, une certaine envie de pouvoir, une envie de contrôle, de dominance. Une envie de faire qu'on veut, en fait.
C'est vrai que c'est quand même bizarre de se dire que l'on est dirigé. Mais apparemment, ça vaut mieux.
Plus j'écris, et plus je me perds. Je ne sais plus ce qui mène droit à la perdition: l'absence, ou la présence de règles? Ou bien les deux...
On peut pas en vouloir à Hobbes, à Spinoza, à Rousseau, à Locke et même à Platon d'avoir rêvé d'une société, d'un monde hiérarchisé.
J'aimerais bien avoir une idée du monde selon la vision de Sade. Juste voir si c'est pire, ou mieux.
Quoi qu'il en soit, je me suis encore égarée... Et je m'en excuse.
Je voudrais quand même en revenir à Sade, car finalement c'était quand même le sujet principal de cette note, même si, je l'avoue, elle est partie un peu dans tous les sens. :)
Je lisais sa biographie, et j'étais complétement charmée par cette façon d'être si différent des autres, et surtout si avancé sur son époque. Vous savez, un peu comme Montaigne, mais d'une autre manière, même si finalement c'est très semblable. On va dire... une modernité dans les propos et dans la perception des choses.
Sade, grand auteur du XVIIIe siècle, a eu la chance, tout petit, de jouir d'une éducation hors norme.
En effet, c'est son oncle, l'abbé de Sade, historien et libertin, qui l'aura éduqué.
Plus tard, il s'engage dans l'armée et participe même à la guerre de Sept Ans. A la fin de celle-ci, il montre déjà son (grand) penchant pour la luxure (et les courtisannes).
Alors qu'il est tombé amoureux d'une certaine demoiselle, sa famille s'y oppose et Sade se marie alors à une autre jeune femme.
Commence alors la débauche la plus complète, qui va choquer la haute socièté du 18e.
A peine marié, Sade se voit déjà arrêté pour "débauches outrées en petite maison", pour excès dans une Maison Close.
Mais cet "avertissement" ne va pourtant pas le freiner dans ses envies. Sade va continuer à collectionner les conquêtes; actrices, prostituées, danseuses,...
Puis arrive alors l'affaire Rose Keller. [Vous avez vu comme c'est romanesque, Rose Keller...Ca me fait penser à Arianne Backer, mais chuuut...]
Là, il n'est pas question de flagellation, mais d'"empoisonnement". Notre cher Sade aurait fait manger à une prostituée des dragées aphrodisiaques. C'en est apparemment trop, et le dépravé de l'époque est donc condamné à mort.
Finalement, il sera detenu sous le coup d'une lettre à cachet*, et comme toutes les autres victimes des lettres à cachet, sera libéré.
Sa femme "officielle" obtiendra le divorce, pour violences conjugales (notez que c'était très rare d'obtenir le divorce à cette époque). Il échappe à la guillotine grâce à une erreur administrative, puis terminera sa vie dans un asile de fous, à cause de ses oeuvres si outrageuses.
Finalement, on peut dire merci à cette société si sévère et coincée, car c'est lorsqu'il était détenu que Sade aura commencé à écrire, par ennui.
On peut aussi constater que Sade aura suivi son raisonnement jusqu'au bout; assouvir ses envies (luxures, bouquins,...), au détriment des autres (choqués) et rien ne l'aura freiné, pas même la prison, la pauvreté, ou encore la peine de mort.

m197400560386

*Lettre de cachet: sous l'ancien régime en france, c'était une lettre servant à la transmission d'un ordre du Roi.

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Commentaires
H
"car c'est lorsqu'il était détenu que Sade aura commencé à écrire"<br /> <br /> comme quoi, heureusement que la société est constituée de règle sinon tu n'aurais pas eu ces écrits :P
A
Mais si, on voit où tu veux en venir, ton post est très clair... moi aussi j'ai beaucoup aimé ce chapitre en Français, et contrairement à beaucoup j'ai pas trouvé ça trop long ou redondant... c'est la seule partie du cours qui m'a fait réfléchir... c'est fou ce que ça nous en apprend, des choses de lire les pensées des grands philosophes. Heureusement qui a des gens qui pensent pour le reste de l'Humanité... mais bon, si tu commences à rentrer là-dedans, tu te prends la tête pendant longtemps je crois (genre excès de réflexions qui mènent à rien à part un grand bordel dans ton esprit et des tas de questions auxquelles t'auras jamais de réponses concluantes - mais bon je parle pour moi).En fait, au départ ce commentaire inutile c'était surtout pour pour dire que tu écris décidemment très bien :)<br /> *retourne se cacher*
Eraser, the art of self destruction
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